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Homélie de monseigneur Philarète pour l’ordination de père Cyrille
Un jour de joie non seulement, je dirais, sur la terre mais dans le ciel, un jour de joie pour les anges bien sûr qui ont vu aujourd’hui l’ordination de père Cyrille. Son saint patron se réjouit dans le ciel avec tous les élus de Dieu et aujourd’hui nous aussi nous nous réjouissons avec les anges célestes. Car vous savez que les anges admirent les prêtres ; pourquoi ? Parce qu’ils disent : « le prêtre fait quelque chose que même l’ange ne peut pas faire, c’est-à-dire il consacre le corps et le sang du Seigneur, autrement dit il fait venir Dieu sur la terre ». Et nous sommes dans une période que père Ambroise avait clairement annoncé dans une des cassettes que nous avons enregistrées, père Ambroise disait qu’un ange avait révélé à un pauvre homme qu’il y aurait bientôt le temps de la confusion. Et c’est aussi à cause de ce temps de la confusion que Dieu nous a donné la joie d’aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que déjà à l’époque de l’apôtre Paul, il y avait je dirais du désordre quelque fois dans les églises, mais qui n’était pas semé par des gens qui étaient dirons-nous des imposteurs, c’est-à-dire des gens qui vivaient mal, des gens qui se vautraient dans leurs passions, non, pas du tout, c’était des gens extrêmement sévères et sérieux, qui exigeaient le respect de la Loi de Moïse. Voilà ce que les chrétiens que saint Paul rencontre souvent, que ce soit les Galates, que ce soit les Éphésiens, un peu partout, il rencontrait ce genre de difficultés. Certains chrétiens disaient bien sûr, c’est bien joli de croire dans le Christ, que Jésus est vrai Dieu et vrai homme, mais il faut aussi respecter la Loi, c’est-à-dire la Loi de Moïse, toutes les ordonnances, toutes les prescriptions, il ne faut pas manger de tel animal, il ne faut pas manger de ceci, de cela, il faut respecter certains jours de fête, et ainsi de suite, il fallait vraiment respecter la Loi. Et que dit saint Paul ? Eh bien ! saint Paul, il leur dit : c’est exactement le contraire. Et que fait-il ? Dans ces cas-là, il rappelle à ce moment-là aux chrétiens quel a été leur début quand ils ont reçu la foi. Et il leur dit : qu’est-ce que vous avez fait, quand vous avez reçu la foi ? Vous avez reçu le saint Esprit. C’est-à-dire en embrassant la foi de Dieu, ils avaient reçu le saint Esprit, non seulement pour faire des miracles, mais aussi pour tenir bon dans les persécutions, parce que les païens se déchaînaient à l’époque contre les chrétiens dans des persécutions extrêmement difficiles. Et alors, saint Paul disait, comme le commente saint Jean Chrysostome, il y avait des difficultés. Saint Jean Chrysostome dit : lorsque les vents soufflent avec violence, c’est alors qu’on aperçoit le mieux la force de la foi, parce que c’est à ce moment-là qu’ils ont senti la force que leur donnait le saint Esprit pour résister aux difficultés. Et que saint Paul leur disait : votre foi et votre charité augmentent de plus en plus, non seulement augmente, mais augmente de plus en plus. Pourquoi ? Parce que ces peines extérieures, ces embûches que vous suscite en fait finalement le diable ne font rien d’autre que vous affermir encore. Et alors, eh bien il ne faut pas donc tomber dans l’erreur de croire qu’il faudrait ajouter quelque chose. Puisque par la foi, vous avez reçu le saint Esprit, vous avez reçu tous les dons, comme on le dit à la fin de la liturgie de saint Basile, « tu nous as tout donné », qu’est-ce qu’on peut avoir de plus ? Eh bien ! figurez-vous que l’époque où nous vivons est une époque semblable, comme le disait un jour Jean Joseph, il avait dit quand le vent souffle, la paille s’envole, le grain reste. C’est la même chose dans nos églises. Figurez-vous que père Auxence m’a donné un livre que lui avait transmis le père Isidore du mont Atos, et dedans il y a les souvenirs de l’ancien Chrisante. L’ancien Chrisante était un moine du mont Atos, et il a vécu très longuement sur le mont Atos, il a accumulé un trésor de sagesse. Et heureusement nous avons ce livre où nous pouvons lire cet enseignement. Et alors un jour, son ancien à lui qui s’appelait Onufre lui a donné l’explication d’un verset extrêmement mystérieux qui se trouve dans la sainte Écriture, dans le nouveau Testament, dans l’Apocalypse. Voilà ce verset, je vous le lis : « bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur ». Qu’est-ce que ça veut dire ? Eh bien ! Onufre qui avait reçu le saint Esprit, lui a donné l’explication, et lui a dit voilà ce qui va se passer dans la fin des temps : tous les hommes, dit-il, laisseront tomber le « j’ai péché, je suis tombé, pardonne-moi », c’est-à-dire la phrase-clé de notre entrée dans l’Église. On ne peut pas entrer dans l’Église par la grande porte, il n’y en a pas. Il n’y a qu’une petite porte, c’est celle de la pénitence. Donc la clé qui ouvre, pour nous, c’est « j’ai péché, je suis tombé, pardonne-moi ». Qu’est-ce qu’on fait dans l’Église ? On répète le psaume 50. Assez souvent, et dans la journée aussi. Et les hommes laisseront tomber ces paroles, et demanderont : pourquoi ? et pourquoi ? On pose des questions, interrogations pleines de scandales, parce qu’ils oublieront les combats spirituels, pour s’adonner à des disputes. Et qu’est-ce que seront ces disputes ? Un tel est hérétique ! Un tel est ceci, ou cela ! Et c’est là la mort spirituelle intégrale, dit Chrisante. Mais le Dieu tout bon dans son économie, c’est-à-dire dans son gouvernement très sage, fera que l’ordre des moines jusqu’à leur fin confesse notre Seigneur Jésus Christ vrai Dieu et vrai homme. Et par l’invocation de son nom, même s’il reste mort quant au combat spirituel, les temps sont très difficiles, confessant néanmoins le Christ crucifié au moment de leur dernier souffle, ils seront jugés dignes du règne de Dieu et remplis de joie ils iront au lieu du repos. Eh bien ! voilà une belle prophétie pour l’ordre des moines, et je dirais une sorte de portrait spirituel du père Cyrille. Vous me direz, mais comment j’ai l’audace de tracer son portrait spirituel alors que je ne le connais au fond que depuis très peu de temps. Eh bien ! bien sûr parce que d’abord j’ai eu des témoignages, oui, mais aussi parce que les vrais chrétiens se reconnaissent. Un jour père Patric m’avait dit d’aller attendre une chrétienne à l’aéroport. Une orthodoxe. Je lui ai dit « comment je vais la reconnaître ? » Il m’a dit « pff, elle est orthodoxe, tu la reconnaîtras tout de suite ». Et effectivement, j’ai vu passer les gens, tout d’un coup j’ai dit : « tiens, c’est elle ». Et elle m’avait reconnu aussi. Elle est venue vers moi. On ne s’était jamais vus, mais on s’est reconnus. Et là je dirais c’est un peu la même chose. Je dirais comme un prêtre grec qu’on a rencontré lors de notre voyage en Cappadoce, il a dit « mais c’est curieux, on ne se connaît que depuis trois jours, et on est déjà de la même famille ». Pourquoi de la même famille ? Eh bien ! à cause bien sûr d’abord de l’unité dans la foi, dans le but que nous cherchons, nous cherchons tous la même chose, nous cherchons tous à nous unir au Christ, même si nous sentons notre faiblesse. Et aussi à cause de l’amour divin qui est répandu dans nos cœurs. Je dirais, ce n’est pas simplement une affection humaine, c’est véritablement la charité que nous chantons quand nous sommes à l’église. Oui, et alors c’est cette charité qui nous a réuni aujourd’hui, qui fait que nous prions ensemble toujours avec la Russie. J’étais très content aujourd’hui d’entendre enfin un peu le russe, ça me manquait, depuis le temps que j’en avais entendu dans nos merveilleux voyages, dans les grandes heures que nous avions passé là-bas. Un jour, au retour d’un de ces voyages, monseigneur Photios avait dit : « c’est extraordinaire, hier nous étions en Russie, aujourd’hui nous sommes à Paris, nous chantons exactement la même chose dans l’Église ». Euh, il y a peut-être de légères différences de langage, mais pourtant nous chantons la même puissance, la même grâce, oui parce qu’effectivement nous sommes unis. Alors aujourd’hui je dirais que j’ai eu mon plus beau cadeau, c’est-à-dire que je ne savais pas que mère Cassienne pouvait transporter dans ses bagages des têtes et qu’on la laissait passer avec une tête à la douane, mais elle nous a apporté père Cyrille donc qui maintenant sera consacré à Dieu et à son troupeau. Vous savez que c’est quelque fois aussi très difficile le métier de prêtre, par conséquent priez pour lui, pour son sacerdoce. Et en tout cas de la même manière qu’aujourd’hui, pour ainsi dire je suis vêtu de la tête au pied, je ne m’habille pas chez Christian Dior, mais à Saint Petersbourg, car ce sont des ornements qui ont été faits à Saint Petersbourg et ce sont une panagia et une croix qui m’ont été donnés par monseigneur Nectaire. Donc c’est un peu la continuation, nous continuons le combat, nous continuons de prier ensemble, et il y a une unité parfaite qui nous réunit dans la joie, dans l’amour de notre Christ. Alors que la charité de notre Seigneur Jésus Christ soit répandue dans nos cœur et qu’il nous conduise vers la vie éternelle, lui qui est béni avec le Père et le saint Esprit dans les siècles et des siècles.